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Du très récent, du moins récent et du très vieux

J'ai pu assister ce soir à un concert très sympa du Western Brass Quintet. Deux trompettes (Scott Thornburg et Stephen Jones), un cor (Lin Foulk), un trombone (Daniel Mattson) et un tuba (Jacob Cameron). Au programme, des madrigaux de Monteverdi (retranscris par le joueur de trombone rien que pour nous) et de la musique composée ces 20 dernières années (certains morceaux étant des commandes destinées à être joués par le Quintet).

Le groupe a commencé par le Brass Quintet (2012) de Pierre Jalbert, organisé en deux mouvements : "I. Distant fanfares" et "II. Concurrence". Les trompettistes se sont amusés un brin en mettant en scène leur arrivée : Le son de leur instrument les précédait alors qu'ils étaient cachés de chaque côté de la scène, l'un dans un recoin (derrière l'orgue) et l'autre dans les coulisses. Un morceau aux accents "chostakovitchiens" avec des pauses qui suspendaient le flot musical. Comme l'a justement souligné Scott Thornburg, une musique "évolutionnaire" qui repousse les frontières.

Puis, le Quintet a continué avec des transcriptions (effectuées par le joueur de trombone du groupe) de quatre madrigaux de Monteverdi ("Che se tu sé'l cor mio", "Cor mio, mentre vi miro", "Longe da te, cor mio" et "Lo mi son giovinetta"). De très courtes pièces vocales a capella tirées du livre VI. Au cours du quatrième morceau, les cuivres ont développé un intéressant jeu de réponses entre les grave et les aigus.

Ensuite a suivi For Then and Now (2011) de Laurence Bitensky, une à l'ouverture oeuvre sombre et solennelle, qui devient plus jazzy lorsque le tube assure le rythme de la basse. Le cor et les trompettes se volent successivement la vedette, pour se retrouver à l'unisson. Le tuba et le trombone restent en dehors de la course, ce dernier entrant dans la bataille seulement pour les dernières mesures.

En ce qui concerne la Suite Impromptu d'Andre LaFosse Jr., il s'agit d'un pièce légère qu'on croirait tirée de la bande-son d'un film français, une sorte de musique de cabaret, selon les mots du trompettiste du Quintet. Et c'est vrai qu'on se croirait bercé par les doux remous de la Seine pour un moment, avant que la cavalerie n'arrive. Les dernières notes de la deuxième partie du morceau semble imiter le finale des films muets de l'époque qui affichaient immanquablement le triomphant "FIN" en lettres capitales, pour retourner à un rythme calme par la suite et terminer sur une note joyeuse dans la quatrième partie.

Enfin, Distant Dancing (1992) de Richard Peaslee, censé évoquer les différents rythmes dansés à travers les âges de l'humanité, a clôturé le concert. Les trompettes l'ont d'abord joué mystérieux, créant une atmosphère pré-bigbang, puis BOUM, les explosions, météorites et le chaos. Une alternation entre le calme et la surprise. Le tuba a eu son moment de gloire, étant accompagné par les trompettes pour un moment et imitant au début le son du vent.

En résumé, un beau concert très agréable. Certes, les oreilles n'ont pas été endommagées par d'éventuelles avant-gardes, mais les oeuvres interprétées n'en restent pas moins originales.

Une soirée italienne

Dans cet Italian Evening, Les Grands Ballets Canadiens de Montréal font coup double en interprétant bout à bout les Quatres Saisons de Vivaldi "mises en danse" et une chorégraphie originale intitulée Cantata basée sur des chants folkloriques italiens.


La chorégraphie du chef d'oeuvre baroque connu de tous est à la fois aérienne et terrienne. Les performers ne sont pas des danseurs mais des êtres éthérés, des feux-follets qui batifolent entre les arbres, des lutins sautillants qui s'amusent et se querellent. Les corps presque nus, terreux, forment de véritables architectures, enchevêtrées et noueuses. Des forêts où, lorsqu'un mouvement s'achève, une silhouette qui faisait corps avec l'ensemble des danseurs se détache du lot et s'individualise pour faire face au public et exécuter des gestes inaccessibles au commun des mortels.




La deuxième partie du spectacle, au contraire, est plus sanguine. Le spectateur est invité à une fête où les danseurs s'entrechoquent, se taquinent, se séduisent tour à tour. Les corps sont doubles, triples, puis réunis en une seule entité. Un exutoire où ce sont les instincts qui l'emportent, la colère et la sensualité. Les mouvements sont violents, les cheveux volent en l'air, les robes voltigent, les gestes sont impudiques. On crie, on se désarticule, on plaisante en italien. Sur le visage des danseurs, des sourires extasiés. Une célébration accompagnée de quatre chanteuses qui scandent haut et fort des histoires d'amours, cadencées par les tambourins et l'accordéon.



Au final, une énergie incroyable et, à en croire les applaudissements appuyés, communicative.

Kaboum !

J'ai découvert il y a pas longtemps un série américaine (en tout cas ils discutent en anglais dans les épisodes) répondant au doux nom de Battlestar Galactica. Un remake commencé en 2003 et terminé en 2009, selon Zipikémia, d'une série des années 70. Vous savez, un de ces scénarios propres à la science fiction, dans le futur, où la race humaine s'est tranquillement développée jusqu'à installer des colonies sur une tripotée de planète (douze exactement, dans notre cas, qui portent les noms des signes du zodiaque). Puis, boum ! un jour les méchants robots que l'on avait créé pour notre propre confort se rebellent et, comme ils ont développé leur propre conscience, etc., ben ils décident de détruire l'humanité toute entière, comme ça, pour le fun (enfin, pas exactement, ici, ce sont pour de sombres raisons qui tournent au mysticisme...). Evidemment, y'a des survivants (sinon, pas de scénario et pas de scènes d'amours super romantique et tout) et il se trouve qu'ils étaient tous à bord d'un super croiseur de guerre interstellaire baptisé, je vous le donne en mille, Emile, Battlestar Galactica. Il y a aussi toute une flotte civile qui gravite autour et qui survient aux besoins de Mr Galactica.

Donc, voilà, quelque chose comme 46 000 humains (pendant la saison deux, on a même un update du nombre exact de survivants au début de chaque épisode, où ils comptent les moindres morts et les palanquées de "nouveaux arrivants") errent dans l'espace, poursuivis par les méchants Cylons qui, of course, ont évolué et, comble du comble, ressemblent comme deux gouttes d'eau martiennes aux êtres humains (disons que c'est bien pratique pour les acteurs : ça fait moins de maquillage ou d'effets 3-D).

Alors bon, il y a des histoires d'amour à la con avec les violons et tout (après tout, faut bien copuler un peu pour garder bonne figure au niveau démographique -- mais jamais de sexe, mes amis, faut pas déconner : la pudibonderie américaine va même jusqu'à remplacer les habituels "fuck" par des "freak" bien-pensants et, pour le coup, non censuré à la télé). Il y a aussi, on s'en doute, du suspense bidon ("oh ! mais tu es donc une machine ? c'est impossible ! je n'avais pas remarqué que tu complotais contre l'extinction de l'humanité toute entière. Et en plus, je t'aime"). Et, bien entendu, des retournements pour le moins inattendus ("oh ben dis, donc, c'était un piège ?" ou alors "on a failli mourir, mais on est quand même vivants").

Tout de même, il y a quelque chose de bien agréable dans cette série. J'en suis actuellement à la saison 3 et, malheureusement, ça s'était tassé un peu dans les premiers épisodes : des sombres histoires d'occupation façon Deuxième guerre mondiale (bon, allez, ok, après tout, on peut pas toujours être très original). Cependant, là, là, tout de suite, je viens de voir un bel épisode avec des combats humains vs méchants Cylons et j'avoue que ça m'a fait frissonné. Des boum ! Des tchak-tchak-tchak ! Des "fire... right now!" Des ruses de sioux pour buter les gros vaisseaux forteresses, et j'en passe et des meilleures. Ca faisait longtemps qu'un monde fictionnel télévisé ne m'avait pas fait autant frémir. Oui, c'était bien cool ce p'tit moment de baston du côté des étoiles. Et y'en avait déjà eu quelques uns avant, bien sympas aussi.

Mais bon, ces violons pseudo-romantiques et ces intrigues politico-bidon, hein, faut pas en abuser non plus. J'veux d'l'action môa, hein !

Les Intouchables : Un beau film avec François Cluzet et Omary Sy

Sorti dans les salles de ciné il y a peu de temps ("il y a longtemps", note pour plus tard), Les Intouchables semble avoir fait son petit effet sur les spectateurs. Une histoire touchante (justement) entre un jeune de banlieue qui devient aide à domicile et un tétraplégique richissime qui se lient l'un à l'autre, peut-être par sadisme, peut-être par goût de l'aventure.

Certes, les ficelles utilisées sont un peu grosses : le rapprochement soi-disant impossible entre deux personnes totalement opposées qui vont finalement développer (oh ! suprise !) une amitié très forte. Sans parler d'une technique cinématrographique maintes fois utilisées : Au début du film, le spectateur débarque en pleine action, ne connaissant pas l'identité des personnages, puis le film revient en arrière pour "expliquer" comment on en est arrivé là, et enfin l'intrigue se poursuit pour donner lieu à une conclusion (presque) inattendue.

Mais malgré cela, ce film possède des qualités inestimables : La simplicité, l'authenticité et une certaine forme de tendresse. Un je-ne-sais-quoi imperceptible mais pourtant bien présent. La question du handicap, qui sert de trame au développement de l'histoire, est détachée de toute volonté moralisatrice de la part du réalisateur. Au contraire, les situations gênantes prêtent à rire à gorge déployé, avec la complicité des deux acteurs qui se marrent tout le long du film. Le rire communicatif d'Omar Sy, du SAV des Emissions sur Canal+, produit son petit effet. Et ça fait du bien.

La question des différences entre culture populaire et culture élitiste fait également partie du programme, donnant lieu à des scènes très drôles : Pour Driss (Omar Sy), Berlioz est un quartier de banlieue, pas un compositeur. Et les gags de cette nature ponctuent sans cesse cette petite histoire humaine, qui à la fin peut-être fera également verser quelques larmes d'émotion au spectateur.

Quand je suis allé voir Avatar...

Sortie familiale pour aller voir le film dont tout le monde parle (ici, "parlait" serait plus exact, note du Dieu du temps) depuis plusieurs semaines : Avatar.

La voiture garée, un quart d'heure avant le début de la projection, le nombre de places restantes se compte sur un peu plus que les doigts des mains des quatres personnes que nous sommes, venus en force pour faire preuve de curiosité. Après un suspense insoutenable, nous passons le seuil de la caisse alors que l'écran affiche cinquante-deux places encore libres. Pire qu'une fête foraine populaire, le cinéma est bondé.

Mais il ne suffit pas d'avoir fait la queue une fois pour avoir les tickets. Il faut refaire la queue devant la salle pour avoir les fameuses lunettes 3D. Une grosse monture en plastique noire avec "XpanD" marqué sur le côté et les deux yeux peints en vert. A croire que des ingénieurs ont réfléchis sur le sujet du ridicule de porter des lunettes comme celles-ci dans une salle obscure. Il valait peut-être mieux éviter le filtre rouge et le filtre vert qui rendent fou les daltoniens. Un petit panneau à l'entrée de la salle indique que la dégradation des lunettes pourrait coûter 50 € à l'utilisateur... gare aux bêtises.

En parlant de bêtises, il semble que la publicité locale est la meilleure chose à faire pour décrédibiliser un commerce, à en juger par celles qui sont diffusées bien avant que le film tant attendu commence. Le son mal enregistré, une voie monotone qui déclame l'adresse d'une agence immobilière ou au contraire une voix trop sautillante pour paraître sincère fait le tour d'un centre de beauté, les photos qui défilent à la façon d'un diaporama... tout ça fait très cheap.

Enfin bon, peut-être que le film va commencer ? Ah, non. Un court film en trois dimensions est là pour expliquer de manière abrutissante comment utiliser des lunettes 3D. Il semble que le nettoyage des filtres avec des lunettes soit une étape très importante. Et attention, il faut rendre les lunettes, étourdis (ou voleurs) que vous êtes ! "Cela ne vous sert à rien en dehors du cinéma." Très juste, ça ne sert d'ailleurs également à rien à l'intérieur du cinéma, alors que le film n'a toujours pas commencé et que l'un de mes collègues revient s'asseoir à côté de moi avec du popcorn et une canette de thé glacé. "Le grand débat" est de savoir s'il a ramené du popcorn sucré ou salé. A mon grand désarroi, ça sera salé. Dommage ! J'aurais pu me la jouer à l'américaine et faire plus de bruit en mangeant que la bande de jeunes énervants derrière moi. Les six adolescents se trouvaient face à un grave problème de place, pour finalement expulser un des membres du groupe qui pousse en sortant un "vas-y je m'arrache". C'est dur la jeunesse.

Et sinon, le film ? Bof. Un autre blockbuster sur la longue liste des films américains à rallonge et très couteux. En fait, l'histoire m'a fait penser à Pocahontas, mais en 3D. Il semble que les Américains n'arrivent pas à faire le deuil de tous les Indiens qu'ils ont dû tuer pour coloniser l'Amérique.

D'ailleurs, en parlant de références cinématographiques, dans la dernière partie du film, un des personnage crie "Va-t-en et ne revient jamais !". Une réplique déjà entendue dans le Roi Lion.

Un film qui serait le concentré ultime des bons sentiments et des stéréotypes pauvres. Cool.

The Tree of life : La calamiteuse Palme d'Or de Terrence Malick

Après la dizaine de jours de remue-ménage cannois, le public connaît enfin le choix du jury du Festival : The Tree of life remporte la Palme d'Or pour cette 64e édition.

Un prix qui entre en résonnance avec le film sélectionné l'année dernière par l'équipe de Tim Burton : Oncle Boonmee, du réalisateur thaïlandais Apichatpong Weerasethakul. Encore une fois, le spectateur se plongera dans une abîme au goût mystique.

Dans The Tree of life, la caméra flotte dans les airs à la manière d'une âme errant sur la Terre. Les dialogues sont volontairement minimalistes. Les quelques répliques entre le père (Brad Pitt) et la mère (Jessica Chastain) sont souvent camouflées, inaudibles, créant une sensation réussie de distance.

Le film couronné par le jury de Robert De Niro est original, oui, mais il pousse le bouchon un peu loin. Jusqu'à imposer une longue parenthèse de documentaire fiction retraçant les origines du monde. Les images sont belles mais les dinosaures reconstitués par ordinateur sont hors sujet. La séquence en question, située au début d'une intrigue qui se développe à la vitesse de course d'une tortue asthmatique, n'aide pas à s'accrocher au film.

Le spectateur n'est qu'un témoin de scènes de vie quotidienne d'une famille des années 1950. Les trois fils de cette famille, Jack, Will et Randy, se chamaillent perpétuellement. Dans une sorte d'idylle familal factice, les plans sont courts et s'approchent très près du visage des acteurs. La caméra, excitée, perpétuellement en mouvement, est énervante de rapidité face à la lenteur générale du rythme imposé par Terrence Malick.

Double triptyque à la sauce Woody Allen

Jeanne Moreau chantait "Le Tourbillon de la vie" dans Jules et Jim. Quarante-cinq ans plus tard, le réalisateur américain chante lui aussi sa chanson sur la complexité des sentiments et du désir dans Vicky Cristina Barcelona.

Une variation du film de François Truffaut ? Pas exactement. Barcelone, le lieu de l'intrigue, donne toute la dimension cosmopolite aux images de Woody Allen. Gaudi, l'architecte qui a marqué de son empreinte la ville catalane, et les morceaux de musique à l'accent espagnol ponctuent l'esthétique de l'objet que nous présente le réalisateur de Love and Death, Match Point et, entre autres, Manhattan Murder Mystery.

Un film qui aurait pu s'intituler Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu (sorti en 2010) : C'est l'arrivée de Juan Antonio (Javier Bardem), sorti de nul part, qui va perturber le cours presque tranquille de la vie de Vicky (Rebecca Hall) et Cristina (Scarlett Johansson). Alors que ces Américaines viennent passer l'été à Barcelone, le bel Espagnol met le feu dans l'esprit des deux amies. Problème : Vicky va se marier dans quelques semaines avec Doug (Chris Messina) et Antonio, lui, traîne le fantôme bien vivant de son ex-femme Maria Elena (Penélope Cruz).

Les liens se nouent, le doute s'installe sur les sentiments des uns pour les autres. Le désir de faire l'amour avec celui que l'on connait à peine s'impose. Woody Allen, encore une fois, esquisse avec simplicité et de manière très juste les portraits psychologiques de ses personnages. On y croit. Même si le milieu décrit est celui d'une élite artistique qui peut tout se permettre, le profil d'une Cristina, d'une Vicky ou d'un Antonio pourrait être celui de n'importe qui.

Pas de moral. L'intrigue se déroule sous les yeux du spectacteur, le réalisateur ne juge pas les actes. Seul Doug, le mari resté aux Etats-Unis, s'étonne de ce qui se passe dans ce microcosme barcelonais. Rapatrié en Espagne pour venir voir sa belle, il juge sévèrement les exactions de Cristina mais ne voit qu'à moitié ce qui se passe sous ses yeux.

Après les morsures d'un été qui aurait de quoi rendre aigries les deux Américaines, la fin du film donne au spectateur l'impression d'avoir assisté à une parenthèse de la vie des deux personnages. Une histoire qu'il ne faudrait pas raconter à tout le monde. Bref, ce qui se passe à Barcelone reste à Barcelone.


Le film Vicky Cristina Barcelona est sorti en salle en octobre 2008, projeté en sélection officielle hors compétition au Festival de Cannes la même année.

Les Anglais ont un problème

Certes, ils en ont peut-être plusieurs. Mais c'est à vous de juger, comme dirait l'actuelle directrice de l'information à Europe 1, muni de son nouveau jabot le 4 mars 2011.

Mais revenons-en à nos sheeps, qui ne se mangent pas ceux-là : Les Britanniques étaient face à un réel souci linguistique jusqu'à ce que la BBC ne se prononce sur la question. Quelle question ? Ah ! Il fallait bien que vous me la posiez...

Bon, allez, je vous le dis : Ils ne savaient pas comment prononcer les termes "Web 2.0". Navrant ! Regardez, en Français, c'est facile. "Web 2.0" se prononce "Web 2.0". Logique. Mais en anglais ? Alors là, hein, c'est compliqué. Il y a ceux pour qui un point est un point et on les en remercie. Mais il y a également les farouches défenseurs du dot. Rassurez-vous, ni mariage, ni argent à la clef. Simplement l'influence du ".com", enfin, du dot com. C'est vrai que c'est toujours un peu chiant de devoir prononcer la ponctuation.

Imaginez point d'exclamation Imaginez virgule si je devais écrire toute la ponctuation dans chacun des phrases que j'écris point Ca serait un peu ouvrez la parenthèse beaucoup fermez la parenthèse fastidieux virgule non point d'interrogation

Ca, c'était pour faire le point sur le point qui, si vous avez bien suivi, se prononce donc point dans "Web 2.0". Mais, fins connoisseurs de la langue de Marlowe (y'en a marre de citer Shakespeare à chaque fois) que vous êtes, vous savez pertinemment que ce Web deuxième génération détient dans sa nomination britannique un second problème. Et, non, ce n'est pas le chiffre "2" qui est à la source de ce problème, comme vous l'auriez cru (je vous ai eu, ah ah). Si vous voulez que je put my two cents in, je dirais même que le two, eh bien, on s'en fout.

Le problème qui fait suite au premier est donc bien celui du zéro. Le chiffre peut se prononcer de différentes façons en Anglais. - "Web 2.0" - Pour ma part et en ce qui me concerne et qui concerne également le terme au coeur de notre problèmatique du jour, je l'aurai prononcé naught. C'est ce que j'avais bêtement appris il y a de cela une paire d'années. Zero ? Pour une raison que j'ignore, ce n'est pas la bonne prononciation de "Web 2.0". Null ? Ah ! Vous sortez ça d'où ?

En réalité, c'est le magnifique oh qui emporte la palme et qui consiste désormais la façon de prononcer ce zéro. D'oh ! comme dirait le buveur de bière à la rennomée homérique (rires).

Bon, alors, est-ce que vous avez suivi ? Comment prononce-t-on correctement "Web 2.0" en Anglais ? Allez, je vous écoute !

Oh non ! Stéphane Hessel récidive !

Ils sont "déportés et résistants" et ils se paient une tribune dans l'édition du 15 mai 2011 du journal Le Monde. Le "Collectif", qui signe le texte, se compose entres autres de Raymond Aubrac mais surtout de Stéphane Hessel.

Les idées contenues dans le papier ressemblent à s'y méprendre au dernier livre du résistant Hessel, Indignez-vous. Déjà, l'auteur chantait les louanges de l'année 1944 et du programme du Conseil national de la Résistance (CNR), publié au mois de mars de cette année là.

L'article, sous-titré "Appel aux jeunes générations" prodigue les conseils nécessaires pour les élections présidentielles de 2012. Les signataires de cette tribune ne cachent pas l'affirmation de leur passéisme, allant jusqu'à souhaiter, sans que cela ne soit une blague, que "tous les citoyens, tous les partis, tous les syndicats, toutes les associations participent à l'élaboration d'un projet de société du XXIe siècle en repartant du programme du CNR "Les jours heureux"."

Couverture médiatique du mariage de "Kate & William" en Grande-Bretagne

Sur le site internet d'Acrimed, à propos du mariage princier britannique : "Les événements de cette nature ont leurs publics. On peut le déplorer sans les mépriser."



Stéphane Hessel fait bouillir les bons sentiments

Avez-vous lu Indignez-vous ! du résistant Stéphane Hessel ? En ce qui me concerne, c'est chose faite. Et le contenu de ce court manifeste m'a indigné, en effet.

Comment diable est-il possible d'être plus naïf et niais que ne l'est ce texte ? L'avis émis par l'auteur est constamment manichéen et unilatéral. A commencer par sa vocation passéiste qu'étale Stéphane Hessel, du haut de ses 93 ans. La caricature dirait : « C'était mieux avant ». L'aujourd'hui, forcément noir et atroce, est constamment mis en parallèle avec une époque soi-disant bénie de l'indignation citoyenne qui se situerait aux alentours de 1945. Il est vrai que du temps de la Résistance, dont l'auteur a fait partie (et c'est tout à son honneur), on savait y faire. Une véritable « résurrection » d'après guerre. La démocratie, la Sécurite Sociale, l'éducation nationale.... « c'est nous » (les résistants), semble-t-il suggérer, et la démolition de ces acquis sociaux est le fruit de tout ce qui a pu avoir lieu après cette époque. Quoi de positif dans le présent ? Pas grand chose, à en croire l'auteur. Seuls prévalent un Etat qui se désengage, « la dictature internationale des marchés financiers », le terrorisme, etc. Un brin alarmiste, le père Hessel.

Sans oublier le fossé entre les jeunes et les anciens dans lequel s'engouffre le texte. Si Hessel ne tombe pas dans le piège démagogique d'un « j'ai été jeune moi aussi, je sais ce que vous, les jeunes, endurez », il se taille quand même tout seul un costume de donneur de leçons patenté et pas tentant non plus : « Dans ce monde, il y a des choses insupportables. Je dis aux jeunes : cherchez un peu, vous allez trouver. » Pourquoi ce travail incomberait-il aux « jeunes » ? Et puis qu'est-ce qu'un jeune ? Une personne de moins de 90 ans ? Sans même donner l'impression de s'en rendre compte, l'auteur jette de l'huile sur le feu d'un conflit intergénérationnel omniprésent.

L'inutilité de ces conseils prodigués par l'auteur atteint son apothéose avec la conclusion de l'ouvrage : « A ceux et celles qui feront le XXIe siècle, nous disons avec notre affection : "Créer, c'est résister. Résister, c'est créer". » Quoi de plus navrant qu'une phrase proverbeuse basée sur un dualisme qui sonne creux pour achever un ouvrage qui à aucun moment n'est entré en profondeur dans son propos ?

Stéphane Hessel dit également soutenir ces jeunes auxquels il ordonne de s'indigner. Un soutien qui souffre d'un manque de crédibilité lorsque le résistant jette dès les premières pages que « nous aurions refusé de cautionner [la société actuelle] si nous avions été les véritables héritiers du Conseil National de la Résistance ». La mise en perspective de l'année 1944 à travers la société telle qu'il la voit en 2010 est nécessairement faussée – les deux situations sont-elles comparables ? – et tombe dans une nostalgie insupportable. Et, bon Dieu, qu'avons-nous fait de l'héritage que nous a légué la Résistance ? Eh bien, je vous pose la question. Mais, surtout, je vous demande qui est ce « nous » ? Les politiciens qui se sont succédés à la tête de l'Etat et qui possèdent le pouvoir exécutif, ou le citoyen lambda ? La prévalence de la responsabilité individuelle, comme elle est opérée dans Indignez-vous !, ne tient pas debout. L'ossature de l'agenda politique, qui détermine les actions menées par le gouvernement et les points sur lesquels le Parlement légifère, n'est pas décidée par « Monsieur tout le monde ». De surcroît, cet agenda politique ne mène pas nécessairement à de mauvaises choses. L'abolition de la peine de mort, le droit de vote à 18 ans au lieu de 21, le droit à l'avortement sont des exemples d'avancées qui sont de véritables acquis sociaux et dont la remise en cause est marginale, voire inexistante.

Pour finir, un mot sur les personnages évoqués dans Indignez-vous ! Pêle-mêle, on retrouve Jean Moulin, Charles de Gaulle, Pierre Mendès France, Guillaume Apollinaire, Mandela, Martin Luther King, Jean-Paul Sartre, Hegel, Walter Benjamin... Stéphane Hessel aligne les poncifs : C'est à Jean Moulin que nous devons tout, Apollinaire était un poète magnifiqiue, De Gaulle a été le sauveur de la France, PMF était un type bien, comme Mandela et MLK d'ailleurs, sans oublier le talentueux philospohe Hegel, et Walter Benjamin qui a traduit en allemand A la Recherche du temps perdu de Proust. L'auteur semble avoir cédé à la tentation d'écrire un ouvrage d'histoire et de culture générale pour les nuls.