Jeanne Moreau chantait "Le Tourbillon de la vie" dans Jules et Jim. Quarante-cinq ans plus tard, le réalisateur américain chante lui aussi sa chanson sur la complexité des sentiments et du désir dans Vicky Cristina Barcelona.
Une variation du film de François Truffaut ? Pas exactement. Barcelone, le lieu de l'intrigue, donne toute la dimension cosmopolite aux images de Woody Allen. Gaudi, l'architecte qui a marqué de son empreinte la ville catalane, et les morceaux de musique à l'accent espagnol ponctuent l'esthétique de l'objet que nous présente le réalisateur de Love and Death, Match Point et, entre autres, Manhattan Murder Mystery.
Un film qui aurait pu s'intituler Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu (sorti en 2010) : C'est l'arrivée de Juan Antonio (Javier Bardem), sorti de nul part, qui va perturber le cours presque tranquille de la vie de Vicky (Rebecca Hall) et Cristina (Scarlett Johansson). Alors que ces Américaines viennent passer l'été à Barcelone, le bel Espagnol met le feu dans l'esprit des deux amies. Problème : Vicky va se marier dans quelques semaines avec Doug (Chris Messina) et Antonio, lui, traîne le fantôme bien vivant de son ex-femme Maria Elena (Penélope Cruz).
Les liens se nouent, le doute s'installe sur les sentiments des uns pour les autres. Le désir de faire l'amour avec celui que l'on connait à peine s'impose. Woody Allen, encore une fois, esquisse avec simplicité et de manière très juste les portraits psychologiques de ses personnages. On y croit. Même si le milieu décrit est celui d'une élite artistique qui peut tout se permettre, le profil d'une Cristina, d'une Vicky ou d'un Antonio pourrait être celui de n'importe qui.
Pas de moral. L'intrigue se déroule sous les yeux du spectacteur, le réalisateur ne juge pas les actes. Seul Doug, le mari resté aux Etats-Unis, s'étonne de ce qui se passe dans ce microcosme barcelonais. Rapatrié en Espagne pour venir voir sa belle, il juge sévèrement les exactions de Cristina mais ne voit qu'à moitié ce qui se passe sous ses yeux.
Après les morsures d'un été qui aurait de quoi rendre aigries les deux Américaines, la fin du film donne au spectateur l'impression d'avoir assisté à une parenthèse de la vie des deux personnages. Une histoire qu'il ne faudrait pas raconter à tout le monde. Bref, ce qui se passe à Barcelone reste à Barcelone.
Le film Vicky Cristina Barcelona est sorti en salle en octobre 2008, projeté en sélection officielle hors compétition au Festival de Cannes la même année.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire