"Je vais avoir mon iPhone 4 aujourd'hui. Youpi !" Une phrase navrante. Traduite ici en français, j'ai pu la lire sur le "fil d'actualité" qui sert de page d'accueil à mon compte Facebook.
Le culte de l'ego développé sur ces réseaux sociaux rend le Web trop malsain. Qu'est-ce que "je" fais ? Les statuts publiés par les utilisateurs répondent constamment à cette question que personne n'a posé. Même l'inactivité et l'ennui peuvent être sujet à la rédaction d'un tweet qui ne manquera pas d'être commenté par les autres membres de la communauté. "Exprimez-vous", est-il suggéré en filigrane dans la boîte virtuelle où chacun pourra utiliser son plus beau clavier afin d'étancher même la plus minime soif de liberté d'expression.
Sur bon nombre de profils, les photos du propriétaire du compte s'accumulent, présentant l'internaute dans toutes les positions imaginables. Sur le haut du crâne, les coupes évoluent. Le scalp reste le même. Cheveux raccourcis, puis laissés longs, teintés. Certes, les images ne risquent pas de jaunir comme celles qui sont soigneusement stockées dans les plus beaux albums de famille. Mais le contrôle de l'accès à ces données personnelles n'a plus rien à voir avec celui que permettait la photo développée sur un support physique. La dématérialisation de la photo, couplé à sa publication sur la Toile, pose la question de la propriété de ces objets numériques. Faut-il donc faire tacitement don de son image à la sphère publique (ou, au mieux, semi-privée) ?
La nouveauté de Facebook, à sa création en 2004, avait occulté la question de la pérennité de ce site internet. Désormais, les réseaux sociaux s'inscrivent dans la durée. Certains profils conservent plusieurs années de données diverses. Un paradoxe, puisque le concept même d'un Facebook ou d'un site équivalent repose sur le présent et l'instantanéité. Que faire de ces archives qui s'entassent ? Le contrôle de l'utilisateur existe toujours, d'une manière ou d'une autre, mais pourquoi laisser à la vue de tous ces éléments que le titulaire du profil à certainement oublié et qui pourraient se retourner contre lui à n'importe quel moment ?
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