Les relations humaines reposent sur un tissu de mensonges (suite et fin)

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Un des composants primordiaux des relations humaines est celui du dialogue. Mais jusqu'à quel point peut-on faire confiance à l'autre vis-à-vis des répliques qu'il formule en réponse à un propos ?

L'interlocuteur d'une conversation à deux ne répond-t-il pas en ayant principalement en tête le chemin qui lui semble le plus approprié pour paraître à son avantage dans la conversation ? Finalement, l'importance qu'on peut allouer aux propos tenus semble peu pertinente. C'est l'impression générale qu'exprime l'autre, consciemment ou non, qui dirige une discussion. Si l'un des protagonistes révèle des signes d'inquiétude sur le sujet abordé (n'importe quel sujet), l'autre pourra jouer avec sa fibre émotionnelle en se voulant rassurant et paternaliste ou, au contraire, attiser les peurs encore balbultiantes mais présentes dans l'esprit de celui avec qui il échange. Il mènera donc l'individu où il le souhaite.

Ainsi, la conversation constitue un art de la manipulation à part entière.

Celui qui s'exprime pour partager une pensée, une objection, une idée ou un doute, et ceci sans arrière-pensée ou sans forcément vouloir obtenir un avantage dont il peut tirer de l'autre, celui qui fait ceci se révèle être un candide qui ne pourra que se faire dévorer dans la progression de la conversation. Une parole prononcée ou un état d'esprit signifié par le verbe (déprime, manque de confiance en soi) se fixe dans la mémoire de l'interlocuteur. S'il est suffisament manipulateur et rusé, il saura réutiliser ce qui a été exprimé pour obtenir ce qu'il veut (ou ce qu'il ne veut pas).

Exemple : Vous avez peur de demander un congé, pourtant légitime, à votre employeur. Ayant remarqué que vous n'osez pas faire cette requête, celui-ci se gardera bien de mentionner, quand vous êtes dans les parages, la moindre chose qui soit en rapport avec le fait de partir en vacances. Au contraire, il maintiendra dans son discours qu'il faut absolument bosser à fond, surtout ces derniers temps, et ceci en le justifiant par un argument que vous savez être totalement creux.

De ces constatations, je me désole. Il n'est donc pas possible d'avoir un dialogue qui puisse être neutre. Ce que vous dites est surveillé, sous-pesé et retourné contre vous. L'humain toise l'humain. Il attend que l'autre tombe dans le trou qu'il a savamment creusé. Comment donc est-il possible de faire confiance à la moindre personne dans ces conditions ?

Même la confidence participe à ce jeu désagréable. Le fait de se confier à autrui est une pratique qui a ses codes et son fonctionnement propre. Certaines paroles, dites à un moment précis et à une personne en particulier, sont des confidences. Mais, encore une fois, jusqu'à quel point pouvez-vous avoir confiance en cette personne à qui vous vous confiez ? Bon, il y a également ceux qui s'amusent à dire une chose sur le ton de la confidence tout en sachant que l'oreille attentive sera également une bouche bien bavarde. C'est encore autre chose. Je continue de m'attarder sur ces paroles que l'ont dit à quelqu'un uniquement parce qu'on sent qu'on peut lui dire. Il ou elle me comprendra. N'est-ce pas là une grave erreur ? Un aveu de faiblesse terrible ? Un ascendant pris par l'autre sur vous.

Il faut donc s'abstenir de laisser entrevoir la moindre émotion au fil des conversations. Mieux vaut parler de la pluie et du beau temps que d'étaler ses états d'âme !

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